Fumer une cigarette ou un joint, boire un verre d’alcool, sniffer une ligne de cocaïne ou encore passer des heures devant un écran : deux ans de crise sanitaire ont-ils affecté les addictions chez les jeunes ?

Le deuxième baromètre dédié aux additions chez les jeunes a été publié par Ipsos pour la Macif. Pas moins de 3 500 personnes âgées de 16 à 30 ans ont été interrogées. Quelle est l’évolution des comportements des jeunes face aux produits licite ou illicites ?

Pour résumer, l’étude nous apprend que l’alcool est la première substance consommée chez les jeunes de 16 à 30 ans : 1 sur 2 boit « régulièrement » et 31% toutes les semaines.

En ce qui concerne le tabac, plus d’1 jeune sur 2 fume ou a déjà essayé, et 3/10 consomment régulièrement. La consommation de cannabis, quant à elle, est inquiétante : 1/3 des personnes interrogées en consomment, dont 11% régulièrement.

Pour les drogues dites « dure » comme la cocaïne, le GHB, l’ecstasy, la MDMA ou le LSD, la proportion des jeunes n’ayant jamais essayé est en baisse.

Ce qui nous frappe davantage encore dans cette étude, c’est l’addiction aux écrans.

63% des jeunes déclarent avoir déjà perdu la notion du temps, 48% n’arrivent plus à trouver le sommeil et 74% déclarent avoir ressenti des troubles, des sentiments de mal-être ou des difficultés concrètes (accidents, situations de violence, problèmes financiers), cette fois-ci en lien avec tout type d’addiction (soit +6 points par rapport à 2021).

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Plus en détails, l’étude montre une augmentation de la fréquence et de la récurrence des pertes de contrôle.

Près de 6 jeunes sur 10 ont déjà perdu le contrôle d’eux-mêmes au moins une fois au cours des 12 derniers mois du fait de leur consommation de substances, au point de ne plus vraiment savoir ce qu’ils faisaient (58%). Notons que plus la consommation est régulière, plus la perte de contrôle est élevée.

La perte de contrôle liée à l’utilisation des écrans est aussi très élevée : 70% des jeunes déclarent avoir perdu le contrôle au moins une fois au cours des 12 derniers mois et 52% au moins dix fois. C’est sur cette consommation que la proportion de jeunes ayant déclaré avoir déjà perdu le contrôle a le plus augmenté.

La perception du risque est souvent minorée, particulièrement chez les consommateurs, mais également dans une moindre mesure chez les non-consommateurs

La note moyenne sur le risque perçu attribuée aux écrans reste stable et s’élève à 5,2/10, contrairement aux risques perçus des drogues dites dures.

Très préoccupant encore, près de la moitié des jeunes consommateurs ont expérimenté des émotions négatives. La consommation engendre aussi dans plus d’un tiers des situations des épisodes d’échec scolaire ou professionnel ou un isolement sur le plan social. D’autres conséquences sont aussi citées par près d’un consommateur sur trois : les problèmes financiers et les troubles de la sexualité. Par ailleurs, un quart des consommateurs déclarent avoir eu des pensées suicidaires, des comportements violents envers eux-mêmes mais aussi avoir rencontré des situations d’agressions physiques ou sexuelles. Enfin, un consommateur sur cinq déclare avoir été l’auteur d’une agression physique.

Les pouvoirs publics s’engagent chaque année auprès des jeunes pour faire de la prévention.