Certaines expériences de reconnaissance faciale ont été fortement médiatisées ces dernières années, comme l’expérimentation du maire de Nice pendant le Carnaval en février 2019.

En coulisse, les industriels demandent au gouvernement l’instauration d’une loi pour encadrer les expérimentations grandeur nature.

Comment la reconnaissance faciale est-elle utilisée aujourd’hui, et par qui ?

1- Le TAJ (Traitement des Antécédents Judiciaires)

La police et la gendarmerie via le TAJ (Traitement des Antécédents Judiciaires) l’utilisent beaucoup : ces fameux fichiers rassemblent 18,9 millions de fiches de personnes mise en cause dans des affaires criminelles et plus de 8 millions de photos.

Des dispositifs de reconnaissance faciale ont été instaurés :

  • – Pour permettre de faire le tri des doublons dans le TAJ
  • – Pour pouvoir présenter des photos de suspects aux victimes
  • – Pour résoudre des enquêtes

Ce dispositif a permis à Paris en mai 2018 de retrouver l’auteur de l’attentat au couteau, ou à Lyon en mai 2019 de retrouver le « terroriste à vélo ». Elle est aussi utilisée pour des infractions moins graves, et rien n’empêche les enquêteurs d’utiliser cette technologie dans une procédure pénale.

2- Le FPR (Fichier des Personnes Recherchées)

Il contient près de 600 000 photos de personnes recherchées, allant de la personne fichée S à l’adolescent fugueur. Bientôt, les forces de l’ordre pourront consulter ce fichier à partir d’une photo.

La reconnaissance faciale sera bientôt mobile

En effet, les tablettes NEO des forces de l’ordre pourrait dans un avenir proche se doter d’un appareil photo, offrant la possibilité aux policiers et gendarmes d’identifier une personne recherchée, un étranger en situation irrégulière et être utilisé dans le contrôle aux frontières. Ils pourront même reconnaître les tatouages ou les cicatrices.

Les expérimentations de reconnaissance faciales en temps réel

La loi permet l’utilisation de la reconnaissance faciale seulement pour le traitement des infractions, mais reste plus floue concernant les expérimentations en temps réel via des caméras.

Pourtant, l’état a été partie prenante de plusieurs projets de recherche récemment :

  • Le Projet VOIE (Vidéoprotection Ouverte et IntégréE), prix coup de cœur aux Trophées de la Sécurité 2015 : ce projet associe des industriels (Thales, Idemia, Deveryware), des transporteurs (SNCF, RATP), la préfecture de police de Paris, et un financement de la Banque Publique d’Investissement. Il a pour objectif le suivi d’individus et l’analyse de vidéos dans le cadre de réquisitions judiciaires. Mais la CNIL s’était opposée au traitement en temps réel dans l’espace public.
  • Le projet S^2UCRE (Safety and Security of UrbanCrowded Environment), destiné à la gestion des foules, à la prédiction de son comportement à court terme, au repérage des comportements suspects, au repérage des équipes de sécurité et à la détection et à la géolocalisation des auteurs de délits.

3- Les aéroports et les collectivités locales

De plus en plus aujourd’hui, des sas Parafe (« Passage automatisé rapide aux frontières extérieures ») sont mis en place dans les aéroports ou le tunnel sous la Manche. Pour accélérer les contrôles de voyageurs, le passager a désormais le choix d’utiliser la reconnaissance faciale. Bientôt, Air France la testera sur les systèmes de dépose bagages et à l’embarquement des avions : le visage deviendra la carte d’embarquement.

A Nice, c’est le Carnaval qui a été testé : le logiciel a su repérer des personnes qui avaient donné leur consentement préalablement dans une file d’attente ou dans une foule, avec des lunettes, une casquette, de jour comme de nuit. Il a même été capable de distinguer deux jumeaux et d’identifier une personne à partir d’une photo vieille de 40 ans.

Faire évoluer la loi informatique et libertés est une nécessité pour les industriels du secteur, mettant en avant leur volonté de construire un cadre plus éthique que le modèle chinois.

Leurs arguments pour convaincre les réticents sont tournés vers la sécurité des personnes d’autant plus avec la coupe du monde de rugby en 2023 et les JO de Paris en 2024 qui devront être ultra sécurisés.

L’adoption d’un nouveau cadre légal est également plébiscitée par la CNIL et les intervenants des 24ème Technopolice. Nos industriels étant leaders mondiaux en la matière, ils pourraient rapidement se faire rattraper par leurs concurrents si la loi n’évolue pas.

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