Depuis l’affaire Weinstein et la création du mouvement #metoo, à peu près tous les milieux ont été disséqués : culture, politique, entreprises, sport… C’est au tour du cercle très fermé de la presse et des médias d’être montré du doigt.
Depuis jeudi 8 février, un article de presse a dévoilé l’existence d’un groupe Facebook très actif entre 2009 et 2012, appelé « La Ligue du LOL », regroupant une trentaine d’utilisateurs populaires du milieu du journalisme, des médias et de la publicité s’adonnant au cyber-harcèlement envers des femmes et des minorités (ethniques, sexuelles…).

Des témoignages ont refait surface, faisant déjà beaucoup parler les rédactions parisiennes. Au fur et à mesure que les langues se délient, les sanctions tombent : déjà 3 licenciements au Huffington Post à cause d’un groupe sur la messagerie Slack nommé « Radio Bière foot ». Ce groupe privé, réservé aux hommes de la rédaction, servait de « défouloir » sexiste, raciste et homophobe, utilisé pour insulter les collègues femmes de la rédaction. Chez Vice France, même histoire en 2017 aboutissant sur 2 licenciements.

Ces épisodes vont, nous n’en doutons pas, revenir de plus en plus fréquemment. Non pas parce qu’il y a davantage de cyber-harcèlement qu’avant, mais simplement parce que le mouvement #metoo a donné la parole aux victimes. Elles ne se taisent plus, ne font plus profil bas comme avant et surtout, elles reprennent courage en dénonçant et en faisant condamner les personnes harceleuses qui se croyaient intouchables.

Le sexisme et les violences surviennent chaque jour, mais on assiste à un véritable ras le bol de ce genre de manifestations. Les mouvements comme #metoo y sont pour beaucoup car les victimes prennent conscience plus rapidement qu’elles ont subi des violences, et vont porter plainte plus facilement. Aujourd’hui les mœurs ont changé : ce n’est plus à la victime d’avoir honte de ce qu’elle a subi, mais bien aux bourreaux.

Que dit la loi française ?

Les injures dans un cadre public ou privé, oralement ou sur internet sont sanctionnées. Les injures publiques à caractère raciste, sexiste, homophobe ou handiphobe sont réprimées par des peines pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

La diffamation, soit l’imputation d’un fait portant atteinte à l’honneur d’une personne, est également interdite par la loi.

En ce qui concerne le harcèlement, il existe plusieurs cas de figure. D’abord, le délit général de harcèlement moral, qui punit depuis 2014 « le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie ». Depuis 2018, le texte a même été étendu au harcèlement de groupe ou « de meute », c’est-à-dire des propos tenus par plusieurs personnes, de manière concertée, même si chacun n’a pas agi de manière répétée. Par ailleurs, des dispositions spécifiques existent en ce qui concerne le harcèlement sexuel, le harcèlement en ligne et le harcèlement téléphonique.

Alors, comment se protéger et lutter contre le cyber-harcèlement ?

Tout d’abord, qu’est-ce que le cyber-harcèlement ?

Le cyber-harcèlement ou harcèlement en ligne est un délit consistant à intimider ou à humilier de façon répétitive une personne à travers Internet. Des propos insultants, menaçants ou dégradants sont tenus à l’égard d’une victime en passant par les divers moyens de communication en ligne : réseaux sociaux, forums, blogs, chat instantané, jeux vidéo, etc.

Il y a plusieurs formes de cyber-harcèlement. Sachez en repérer les signes et comment lutter contre !

1- L’usurpation d’identité

Elle consiste à créer une fausse identité sur internet et sur les réseaux sociaux en se faisant passer pour quelqu’un d’autre dans le but de voler des données personnelles et/ou de harceler.

2- Le doxing (Document Tracing)

Sachez-le, tout ce qui est publié sur internet appartient à internet ! Le doxing consiste à utiliser des programmes et des techniques pour récupérer des données ciblées à partir des moteurs de recherche. Ces données sont utilisées par la suite par le pirate pour harceler sa victime, pour se venger ou par simple malveillance. Pour s’en protéger, l’idéal serait de ne jamais poster sur internet quoi que ce soit de personnel et si vous avez déjà des informations qui circulent, vérifiez tous les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux et contactez si besoin les sites et les plateformes qui hébergent le contenu vous concernant et demander sa suppression.

3- Le Swatting (canular téléphonique)

Le swatting est un canular téléphonique qui consiste à appeler la police pour un crime imaginaire. La personne ciblée peut alors se retrouver avec une porte d’entrée enfoncée ou une centaine de pizzas livrées chez lui ! Pour s’en protéger, il est recommandé de changer de numéro de téléphone et d’adresse IP en demandant un nouvel abonnement chez votre opérateur.

4- Le trolling/diffamation/discours haineux

Les trolls sont des personnes malveillantes qui cherchent sur les forums de discussion à agacer les autres membres. Le harcèlement en ligne peut prendre d’autres formes comme des messages menaçants directement envoyés à la victime, des intimidations ou moqueries, des rumeurs, des moqueries comme le happy slapping qui consiste à lyncher une personne en publiant la vidéo sur un site ou une exclusion volontaire d’une personne à un site, à un jeu en ligne ou à un groupe.

5-Le revenge Porn

Le revenge Porn consiste à se venge d’une personne en publiant des photos ou vidéos intimes de son partenaire sur Internet. De façon plus générale, des photos ou vidéos humiliantes de la victime en mauvaise posture peuvent être publiées. Elles ne portent pas forcément sur la nudité. Pour s’en protéger, portez immédiatement plainte auprès de la police et prenez des captures d’écran, très utiles comme éléments de preuve dans ces cas-là.

6-Le cyber-stalking (traque sur internet)

Le cyber-stalking est une traque répétitive sur Internet. Un individu en veut à sa victime et va la poursuivre pendant plusieurs semaines, mois ou années en lui laissant régulièrement des “indices” de son passage. Il essaye également de rester anonyme aux yeux de la victime. Le cybertalking est une forme générale de cyber-harcèlement qui peut regrouper d’autres formes de harcèlement.

Que faire en cas de harcèlement en ligne et comment faire pour que cela ne se reproduise plus ?

Il ne faut pas attendre, mais agir avant que les choses n’empirent. Voici diverses mesures à mettre en place dès que possible :

  • Passez en revue les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux et autres sites contenant vos informations personnelles.
  • Changez régulièrement vos adresses e-mail et vos mots de passe.
  • Faites très attention aux réponses aux questions secrètes.
  • Mettez à jour votre ordinateur et ses logiciels.
  • Vérifiez la sécurité de votre point d’accès Wi-Fi et changez le mot de passe Wi-Fi régulièrement.
  • Utilisez un VPN pour être anonyme.
  • Changez tous vos mots de passe et leurs adresses e-mail si vous quittez votre conjoint.
  • Limitez le nombre d’informations personnelles que vous partagez en ligne.
  • Ne répondez pas à des inconnus, encore moins s’ils vous demandent des informations personnelles.
  • Renseignez-vous sur les risques et restez méfiant. Une adresse e-mail est par exemple une donnée personnelle à protéger.
  • Définissez des alertes Google pour être mis au courant dès que du contenu vous concernant est publié sur le web.
  • Faites des captures d’écran en guise de preuves. Et gardez quoiqu’il arrive toutes les conversations.
  • Informez votre entourage et votre patron que l’on est victime de cyber-harcèlement.