L’intelligence artificielle conversationnelle, incarnée par des outils tels que ChatGPT, s’est rapidement intégrée dans notre quotidien, offrant assistance, information et parfois même compagnie. Cependant, une étude récente menée conjointement par OpenAI et le MIT Media Lab met en lumière un phénomène préoccupant : l’émergence d’une dépendance émotionnelle chez certains utilisateurs intensifs de ces technologies.
Une relation numérique aux contours flous
L’étude, qui a analysé plus de 40 millions d’interactions anonymisées sur ChatGPT et suivi près de 1 000 participants sur une période de 28 jours, révèle un constat frappant. Si la majorité des utilisateurs interagissent de manière fonctionnelle avec l’IA, une minorité développe des liens émotionnels profonds. Ces « utilisateurs intensifs » passent en moyenne 30 minutes par jour à converser avec le chatbot, allant jusqu’à le considérer comme un ami.
Cette relation, bien que virtuelle, n’est pas sans conséquences. Les chercheurs ont observé que ces utilisateurs présentaient des signes de dépendance, tels qu’une préoccupation excessive et symptômes de sevrage. Ils ont également noté une perte de contrôle et des modifications de l’humeur. Ces comportements rappellent ceux observés dans d’autres formes d’addiction.
Le paradoxe de la solitude numérique
Ironiquement, l’usage intensif de ChatGPT, censé combler un vide relationnel, semble exacerber le sentiment de solitude chez certains utilisateurs. L’étude souligne que ceux qui interagissent fréquemment avec l’IA, notamment via des conversations personnelles ou en utilisant des modes vocaux engageants, rapportent une diminution de leurs interactions sociales réelles. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les individus ayant une propension naturelle à l’attachement émotionnel.
Ces résultats soulèvent des questions cruciales sur l’impact des IA conversationnelles sur notre bien-être psychologique. Si ces outils offrent des avantages indéniables en matière d’accessibilité à l’information et de soutien, leur usage excessif peut entraîner une forme de dépendance affective, altérant notre rapport aux autres et à nous-mêmes.
Il est essentiel de sensibiliser le public aux risques potentiels liés à une utilisation intensive de ces technologies et de promouvoir des pratiques d’usage équilibrées. Les développeurs d’IA, quant à eux, doivent intégrer des garde-fous éthiques pour prévenir les dérives et préserver la santé mentale des utilisateurs.
L’étude conjointe d’OpenAI et du MIT Media Lab met en lumière une facette méconnue de notre interaction avec les intelligences artificielles : la possibilité d’une dépendance émotionnelle. Alors que ces outils deviennent omniprésents, il est impératif de rester vigilants quant à leur impact sur notre vie émotionnelle et sociale. Il est important de tirer le meilleur parti de la technologie sans en devenir esclaves.
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