Le télétravail, qui était déjà en train de se démocratiser depuis quelques années, a connu une énorme accélération en 2020 avec l’épidémie de Covid-19 et le premier confinement généralisé de la population.

Effet néfaste de cette révolution : les entreprises déploieraient en masse des logiciels espions pour surveiller à distance leurs salariés.

Selon une enquête réalisée par le cabinet ISG sur plus de 2000 entreprises et grands groupes à travers le monde, la pratique aurait bondit de plus de 500% depuis le début de la pandémie. Très répandue aux États-Unis, elle débarque France mais de façon encadrée.

En effet, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (Cnil) a prévu des règles censées protéger les salariés de telles pratiques, comme l’obligation d’informer le service du personnel de l’entreprise par exemple, ou celle de ne pas pouvoir utiliser « juridiquement » ces outils contre les salariés.

Que font exactement ces logiciels espions ?

Ces logiciels permettent de récolter beaucoup d’informations sur le salarié surveillé. Le logiciel Hubstaff, l’un des plus répandu, prend une capture d’écran du salarié toutes les 5 ou 10 minutes et traque les données GPS des téléphones de fonction.

CleverControl, lui, n’y va pas par 4 chemins : il propose carrément dans ses publicités de « détecter les fainéants » en enregistrant les frappes de clavier et les clics de souris de l’employé, en captant ses conversations via le micro de son ordinateur et en prenant des photos par la webcam pour vérifier qu’il est bien assis devant son ordinateur en train de travailler !

Ce type de logiciels pullulent sur la toile en ce moment, et peuvent facilement s’installer à votre insu sur votre poste de travail.

Petite précision : Surveiller un employé à son insu avec un logiciel espion est totalement illégal en France.

Ce qui est légal ou pas en France aujourd’hui pour surveiller les salariés en télétravail

  • Selon la Cnil, l’employeur a le droit de surveiller l’activité des postes de travail de ses salariés à distance, mais cette surveillance doit être proportionnée, car le salarié a le droit au maintien de sa vie privée, surtout s’ils travaillent sur leur ordinateur personnel.
  • Un employeur a tout à fait le droit de surveiller les horaires de travail et de connexion de son employé, ainsi que le volume et la qualité du travail effectué. Pour cela, le contrôle des heures de connexion et le travail rendu sont suffisants. En revanche, utiliser des logiciels espions comme les enregistreurs de frappe ou la webcam est très intrusif, même si ce n’est pas illégal à condition que l’employé en soit informé.
  • Le Règlement Général sur la Protection des Données stipule que les salariés doivent impérativement être informés de cette surveillance par leur employeur. Ils doivent être prévenus des données qui seront collectées et savoir à quelle fin elles le seront. Ils doivent aussi y avoir accès et pouvoir les faire rectifier.
  • D’un autre côté, un salarié a tout à fait le droit de consulter différents sites internet et d’écrire des emails personnels pendant son temps de travail. Si c’est repéré par un keylogger, cette pratique porte atteinte à la vie privée du salarié.

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